Prenons, pour exemple, mon oncle Paolo qui me semble représentatif de cette volonté de gagner… tout le temps, et pas seulement dans les affaires !
Dans son adolescence il faisait du sport, comme beaucoup ; son domaine de prédilection était le vélo de piste. A l’entrainement, il restait moyen mais en compétition, il était vainqueur.
Il m’a expliqué que c’était, précisément, quand il fallait être premier qu’il se sentait stimulé ; en situation, il mettait alors toute son énergie pour être à la première place.
Il reste le même, encore aujourd’hui, même… avec ses petits enfants : il ne peut pas jouer avec eux aux cartes ou aux échecs sans se montrer le plus fort, même auprès d’un petit garçon de 7 ans. D’un air contrit, il m’explique que, pour lui, vouloir gagner est devenu un réflexe, développé au cours de sa vie personnelle et professionnelle qui lui a demandé de relever constamment des défis. Cette « ascèse » lui a permis d’accepter de nombreuses contraintes, avec en arrière-plan le risque de perdre, naturellement.
Après analyse, reconnaissons que l’orgueil manipule cette énergie qui permet de repousser ses propres limites et de mettre en œuvre son potentiel.
Une autre composante pourrait relever du plaisir éprouvé dans l’effort, même si, paradoxalement, il reste douloureux.
Vous pouvez vous battre contre les autres pour être le premier. Vous pouvez aussi vous battre contre vous même, comme c’est le cas pour le pianiste qui lutte en dépassant la fatigue, voire le découragement des heures d’exercices passées pour perfectionner son jeu.
Le scientifique, Pierre Joliot-Curie, apportait la réponse dans sa question « La créativité est-elle indissociable de l’esprit de compétition ? »
L’esprit du gagnant s’appuie sur une force intérieure (ou dynamisme) dont nos études montrent qu’elle s’est construite, le plus souvent, dans l’épreuve en faisant des obstacles des appuis pour aller plus loin. Sur ce point, je vous encourage à réfléchir à votre cas personnel.
Celui qui a cet esprit de gagne démontre également une capacité de concentration qui lui permet d’oublier ainsi ses peurs ; il dirige son esprit exclusivement sur l’objectif à atteindre. Sur le fil, le funambule ne regarde jamais le vide sous ses pieds.
L’esprit de gagne se met aussi au service du collectif, en support de causes petites ou grandes, car il nourrit l’ambition pour soi mais aussi pour les autres.
Certains, qui veulent se donner le beau rôle, moralisent et expriment des rapprochements entre l’ambition et l’illusion de toute puissance.
En revanche, l’Humanité aurait progressé plus lentement s’il n’y avait eu des personnalités qui ont affirmé, avec persévérance, leurs visions et convictions, en se relevant sans cesse après les difficultés, parce que le but à atteindre était plus époustouflant que la souffrance endurée.
En résumé, la » gagne » témoigne de notre vitalité et de notre gout de vivre. Elle permet de survivre, ne l’oublions pas, alors que nous sommes dans une époque qui, parfois, présente les facilités offertes comme une évidence durable.
Muriel Ortoli
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